"NOS ÎLES, PERDUES JUSQU'À DEMAIN", 2014
                                                                             
textes de Manuelle CAMPOS
                                                dessins de Cécile DALNOKY


NOS ÎLES, PERDUES JUSQU’À DEMAIN
Suivi de
… et d’autres soupçons d’îles


Île : où rien de plus ne nous sera donné que ce qui existe, dans cet espace-là.
L’île est un morceau de terre entouré d’eau.
Mais parfois, une situation, ici, en cet instant, révèle sa singularité d’île.
Il faut prendre le temps de l’habiter, vite ; aucune mer ne la protège ; un pas, un détournement du regard,  une inattention, et nous l’avons quittée.

Reste l’espoir de l’aborder à nouveau, demain, autre ou dans sa répétition.

                                                                        Manuelle Campos.


Manuelle Campos est auteure musicienne.
Se produit sur scène (Manu Campos Trio)
Ecrit de la musique pour le théâtre,
Anime des ateliers chanson et d’écriture.

Autres parutions :   
« Le son sur l’épaule », éditions Gros Textes
« Monsieur, Madame », livre d’artiste
avec le graveur Erik Saignes
Discographie Le Chant du Monde   
Participation à la revue GoBo #1, parution début 2014.


Cécile Dalnoky est auteure-illustratrice et graphiste, Caennaise depuis 2003.
Avec Manuelle Campos : illustratrice des livres-disques Boufadou chez Harmonia Mundi, de 1996 à 2004.
Parus aux éditions du Chameau : « Un bateau » en 2007 et « La goutte et la graine » fin 2013.
Chez Coprin éditions : « Le bateau de Nina » en 2010 et « Les mamies mécanos » en 2011 (albums jeunesse).
Participation à la revue GoBo #1, parution début 2014.
Site : www.ceciledalnoky.fr


Format 19 x 21 cm, 74 pages, tirage numérique couleur à 200 exemplaires. ISBN :  978-2-917437-51-3. Prix de vente 15 € (+ 4 € de frais de port). Si vous souhaitez acquérir un exemplaire, vous pouvez télécharger un BON de COMMANDE (au format pdf) et envoyer un chèque de 15 € plus 4 € de frais de port, à l'ordre de "Galerie 175 - Éditions du Chameau", au 154 grande-rue 14430 Dozulé.

Pour une commande de 2 livres, les frais de port s'élèvent à 4€.
Pour une commande entre 3 et 5 livres les frais de port s'élèvent à 5 €.
Au-delà, nous contacter.



  


Vers  l'île d'Elle, par Jean Pierre Nedelec

Il ne faut que quelques heures de marche pour faire le tour de nos îles  les plus proches, (Sein, Batz, Molène...), juste le temps nécessaire pour que s'impose l'évidence que chacune est un continent à part entière : côtes rocheuses, douceur des grèves blondes, zones humides, terres de cultures. Malgré la minceur des distances, le nord s'oppose au sud, l'est à l'ouest et parfois de manière radicale.
Il en va de même de certaines personnes que nous côtoyons, tant elles sont riches et diverses.
Manuelle Campos écrit, comme elle chante, ravivant au passage les couleurs de l’enfance :
…Mais je sais qu’un jour me reviendront, épluchés, poncés, raclés, lavés, plus étincelants que les petits os des rongeurs,
les éclats de nacre de ce jour où je disposai les indiens de mon enfance…
Évoquant une passante, elle prévient :
Elle est île et nous ne le voyons pas : île parmi les îles.   
Allez ! Voguez en sa compagnie, une île, votre île, vous attend.

                                    Jean Pierre Nedelec




Quelques extraits des textes du livre :



Dans « Architecte des miniatures »

[…]

Sans fin, depuis mon premier regard d’enfant,
architecte des miniatures,
dessous l’herbe, je dispose la tribu.
Ivre d’autarcie, je continue de lier les fagots de brindille
en prévision des mois d’hiver.
Je longe le chemin tracé par les fourmis,
l’arc à la ceinture,
mains prêtes au combat.
L’enfance invente,
l’âge adulte sans cesse nourrit les fulgurances
premières, active le brouet, sans cesse
vérifie que la température ne retombe pas.
Et si nous baissons les bras,
la vieillesse nous assèche, d’un coup d’un seul car
nous ne transformons plus.
Nous sommes devenus obéissants,
stricts modérateurs des proportions du réel.
La mousse n’est plus que mousse dans le bois de chênes liège.
Le thym n’a plus vocation de délimiter l’enclos des bêtes,
d’étayer les tipis.
Le grand bois de thym casse entre nos doigts,
il parfumera le potage, ce soir.


Dans « Nos îles, perdues jusqu’à demain »

[…]

La croix asymétrique de la pharmacie glisse de droite à gauche puis de gauche à droite  – vert – bleu – vert – bleu - -  -   -    -     -
Ni feu à éclat ni feu à occultation ni même amer au marin hésitant, elle rythme un inutile clin d’œil aux passants absents car à cette heure nous préférons confier notre espoir au miel, au chocolat chaud, à la souplesse de la mie.

Berthe traversera la voie avant le passage du 6h50, versant d’un côté l’autre, hanche gauche, hanche droite,  à pas rapides mais sereins.

Un quatre-quatre aux roues pareilles à des sillons retournés franchira aussi le passage, s’engouffrera dans le brouillard.
Sous les roues craqueront les châtaignes tombées dans la nuit,
les bogues crépiteront, s’ouvriront les tunnels de branches, s’affranchira la distance, l’inconnu capitulera.



Dans « Lavomatic »

[…]

Porte vitrée taclée par un socque violet entre les mollets des copines.
La porte rebondit sur le butoir en caoutchouc, faut faire place.
Trois filles. Trois paniers remplis à ras bord, draps roses, jeans, pull à paillettes, torchons, blousons, ça pue doux, encore tiède.
Vingt huit jours : c’est le rythme entre deux nettoyages,
Un cycle incluant règles, gastro du petit frère, rhumes, ripailles à l’occasion des cérémonies évangéliques, de l’enterrement des anciens, saucées sur l’échine, train train des déplacements, train train des haltes.
Quatre semaines pour fermenter les sécrétions, les parfums, les bouloches de fausse laine.
Trois paniers remplis à ras bord, trois nez dans l’odeur de levure, de charbon mouillé, de paille.
Du talon, la même claque la porte. Enferme dehors le silence.
Trois BONJOUR MADAME ! Elles sont polies comme des propriétaires tolérantes.
Eclats de rire, têtes contre têtes, le portable passe de main en main, chuchotements.
Bourrent trois machines au mépris du poids imposé, la couleur avec le blanc, le coton à 90 degrés avec la laine à 30, encore un pull mais pousse donc ça va rentrer.
Connaissent parfaitement le fonctionnement.
Zing les pièces zing le jeton zing trois fois cinquante centimes de poudre.
La moitié est versée dans le bac à lessive, l’autre tartine de blanc à micro-billes bleues les bords de la machine, aussi un peu par terre.

Elles s’assoient, l’une sur une chaise, l’autre sur ses cuisses, la troisième sur les genoux de la seconde, elles sont une à trois paires de jambes, six bras sur leur triple torse menu, où pointent six projets de seins.
Elles peuvent voir venir, elles sauront riposter.
Elles ont tout leur temps. Rien ne les appelle ailleurs, ni plus tard, ni pourquoi.

Mon linge est plié, la vitre est froide, je n’ai plus d’alibi.
Je sors, pose le sac pour barrer, sur la liste, Lavomatic.





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