"Restez bien au chaud, ça va passer", 2020
Ronch

« Méfions-nous
de la catastrophe spectaculaire qui s'inscrit dans l'actualité, la pire
est invisible. Le véritable coût est cumulatif, goutte à goutte,
seconde après seconde s'accumule un Océan qui crèvera sur nos têtes.
Quand la vraie catastrophe aura lieu, il sera trop tard. Que l'on
comprenne, le plus grave n'est pas ce que nous savons, mais ce que nous
ignorons. Nous pouvons être sûrs d'une chose, c'est que nous n'en
savons rien ; et qu'il est fou de continuer ainsi dans le
noir. »
Bernard Charbonneau
En 2020, tout s'est arrêté.
L'auteur - plasticien - s'est retrouvé comme de nombreux habitants de
la planète Terre, confiné chez lui pour raison d'épidémie mondiale …
mais avec des crayons.
De ce répit contraint sont nés 140 dessins, qui décortiquent ce qui
s'est passé de mars à octobre : la réflexion née de cet arrêt
soudain, le retour à l'essentiel, les espoirs qui ont germé. Et aussi
ce « monde d'après » dont on a beaucoup entendu parler…
► 140 dessins d'actualité qui constituent une réflexion sur ce « monde d'après ».
► Un travail de journalisme dessiné, drôle et profond, à découvrir au fil des pages.
L'auteur, Ronch, a suivi une formation à l'École des Beaux-Arts (Esam)
de Caen. Depuis longtemps le dessin constitue son mode d'expression par
excellence : du plus petit au plus grand format. Sur des murs, des
pochettes de CD, des affiches, des fanzines, dans des installations. Il
est aussi l'auteur de productions en volume - collages, assemblages,
photomontages - et d'objets inattendus, dérisoires et ironiques, conçus
dans l'esprit dada et surréaliste.
Préface de Jean-Yves Lepetit
Pendant tout le confinement, nos
dirigeants ont tressé mille louanges à l'art, devenu consolateur
imprévu des citoyens. Un art certes en ligne mais dont chacun était à
même de découvrir qu'il « permet à la fois de maintenir le lien
avec les autres et de nous renforcer, cuirasser, enrichir », comme
l'écrivait le président du Centre Pompidou.
Avec l'après-confinement, l'art et la culture sont devenus des
priorités évidentes. Bien vues et même très bien vues de nos politiques
en exercice.
Le 2 mai Emmanuel Macron tweete aux « oubliés de la
culture » : « L'avenir ne peut s'inventer sans
votre pouvoir d'imagination ». Et le 6 mai, il ré-affirme que
« la création artistique est quelque chose d'essentiel qui est
apparu peut-être encore plus fortement à nos concitoyens durant cette
période. » Dans la foulée, il annonce qu'un plan de commande
publique sera lancé. (1)
C'est ce à quoi a répondu Ronch. Sans attendre qu'un New Deal à la
Franklin Roosevelt recrute des milliers d'artistes pour des missions
d'intérêt général.
Double focale
Ronch est un artiste. Mais pas un artiste hors-sol. Il a d'abord suivi
des études scientifiques dans le domaine agricole avant de se tourner
vers Beaux-Arts et devenir plasticien.
Presque rien
Dans ses dessins la matière est absente, la lumière inexistante, et
l'image plate. Sans ornement, ni fioriture, sans séduction. Ils se
réduisent - dans l'esprit de la ligne claire belge - à une marque sur
un support, à un trait de contour qui cloisonne les formes. C'est cette
simplicité extrême qui, en Occident, a valu au dessin d'être regardé de
haut, minoré, confiné aux essais ou aux relevés sur le vif. Et d'être
relégué au rang d'art mineur.
Pourtant, c'est dans ce geste élémentaire - parfois maladroit, toujours
rapide - que fusionnent pensée et geste. Survivance d'une pratique
archaïque qui renvoie à une des activités humaines les plus anciennes,
à « un besoin de renouer à un rapport plus essentiel avec l'être
au monde » (2). Un rapport à repenser au moment où la
planète, saccagée par les plus avides depuis le milieu du 18e siècle,
est en danger et menace nos vies.
Artistes et Dessins de presse
Il y a eu ceux qui ont pratiqué les deux. Le peintre Daumier, dans la
première moitié du 19e siècle, avec ses caricatures du roi
Louis-Philippe et ses satires de la bourgeoisie. Ou, peu avant 1900,
l'Impressionniste Pissarro qui s'engage contre l'antisémitisme lors de
l'affaire Dreyfus.
Et puis, il y a eu des illustrateurs et des graveurs qui ont inspiré
des artistes et permis à la peinture de s'affranchir de règles
multiséculaires imposées depuis la Renaissance. Comme les figures
hybrides de Jean-Jacques Grandville (1803-1847) qui ouvrent la porte à
l'hétérogène, à l'emprunt, au mélange. Autant de pratiques
qu'exploreront les Romantiques, les Dadaïstes, les Surréalistes. Ou
encore Füssli (1741-1825), Flaxman (1755-1826) et Gagnereaux
(1756-1795) qui, dans leurs estampes, réduisent personnages et objets à
des contours et annulent toute perspective. Une manière de faire
adoptée par David et Ingres au 19e siècle.
Aujourd'hui, des plasticiennes contemporaines, Sue Williams et Marlene
Dumas, intègrent dans leurs productions des dessins, parfois crus,
inspirés de graffitis ou de comics. Glen Baxter, lui, agrémente ses
gravures old fashion de commentaires décalés.
Dessin humoristique, Dessin d'actualité
Le dessin humoristique fait rire. Il amuse, distrait, il se moque mais
ne fâche jamais. Parce qu'il fait diversion. Avec lui, on passe un bon
moment… puis on passe à autre chose.
Le dessin de presse fait rire aussi. Mais avec gravité, à la façon des comédies italiennes des années 1970.
Quand le premier détourne le regard des réalités du monde, le second
les dévoile. Comme un journaliste qui analyse, décrypte, révèle, met en
perspective. On rit… devant le tragique de la vie.
Avec leurs dialogues et leurs mises en scène, les presque 140 dessins
d'actualité de cet ouvrage retournent, décalent, ironisent, constatent,
rapportent, analysent, révèlent (déshabillent), glissent de la logique
à l'absurde, mettent en évidence les paradoxes sur ce moment sans
précédent que constitue l'année 2020.
Un travail de journalisme dessiné… ou de plasticien immergé dans la réalité.
(1) Le début de ce texte a été inspiré par l'article d'Evelyne Pieiller
« Mais à quoi servent donc les artistes ? », Le Monde
Diplomatique, août 2020.
(2) Dessin contemporain : vers une approche intermédiale, Virginie
Peyramayou, Litter@ Incognita, Université Toulouse Jean Jaurès N° 7,
2016.
Format 14,85 x21 cm, 140 pages. Tirage noir et blanc sur papier munken lynx 120 g/m2. ISBN : 978-2-490962-05-1.
Prix de vente 15€ plus 6€ pour les frais de port pour un exemplaire, 8€ pour deux exemplaires. Si vous souhaitez acquérir
un exemplaire, vous pouvez télécharger un BON de COMMANDE (au format pdf) et envoyer un chèque
de 15€ plus 6€ de frais de port, 8€ pour deux exemplaires,
à l'ordre de "Galerie 175 - Éditions du Chameau", au 15 rue Mélingue 14000 Caen.
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