"Encre en mouvements. La grande vélaire" 2019
Darius
Photographies
de Tristan Jeanne-Valès, Kévin Louviot, Claude Boisnard, Anita Rigot,
Eric Bourdon, Denis Chasserot, François Bourdon.
D’abord
peintre et photographe, Darius connut son premier choc émotionnel avec
l’encre lorsqu’il vit des calligraphies au Japon. Il fut impressionné
par l’infinie possibilité que celle-ci offre dans sa transparence, les
jeux de lumière et les nuances de gris, apportant un registre coloré
d’une grande subtilité, non sans rappeler la photographie noir et blanc.
Depuis plus de dix ans, le hasard de ses rencontres l’a conduit vers
une expérimentation autour de l’encre, mais aussi du papier et des
outils qu’il n’a cessé d’inventer afin d’explorer sans relâche cet
univers d’une richesse prodigieuse. La plupart de ses travaux sont
faits sans pinceau et sur du papier couché. Ses rencontres japonaises,
quant à elles, lui ont permis de se rapprocher du sumi-e (l’encre
japonaise) en utilisant à l’occasion du papier washi. Il a ainsi pu
ouvrir les champs pour explorer des techniques mixtes mélangeant sumi,
encre d’imprimerie et peinture à l’huile, généralement blanche et plus
récemment brou de noix.
Il fait actuellement partie de deux groupes de peintres tokyoïtes, Sumie-ten et 19 plus Mugenda.
Ces dernières années, Darius a présenté ses travaux dans le cadre
d’expositions personnelles dans le Calvados et a participé à plusieurs
expositions collectives au Japon avec des groupes de peintres tokyoïtes
(septembre et décembre 2017, juillet et septembre 2018), mais aussi en
Normandie avec notamment l’artothèque associative Home Art (Caen,
Fleury-sur-Orne…).
Exposition scénarisée par l’association caennaise Zinzolin - Antoine
Pérus et Jean-Yves Lepetit - et accompagnée par les bénévoles de
l’association Culture au passage (ex-Le P’tit Lieu).
L’église Saint-Nicolas est mise à disposition par la Ville de Caen.
Cette nouvelle exposition à l’église Saint-Nicolas de Caen marque
l’aboutissement d’une trilogie caennaise débutée en 2013. Cette
année-là, en octobre, l’église du Vieux-Saint-Sauveur accueillait une
exposition collective initiée par Darius, intitulée Caen-Tokyo, un pont
d’encre. Elle présentait le travail de cinq amis peintres, dont des
Japonais, ayant pour fil conducteur l’encre de chine et ses différentes
utilisations en matière de créations artistiques. Puis en avril 2017,
c’était au tour du Sépulcre d’accueillir les oeuvres de Darius à
l’occasion de son exposition personnelle Sumi-Washi.
Au-delà de cette trilogie, ce rendez-vous 2019 marque aussi une
continuité avec l’exposition inaugurale de l’été 2018, présentée dans
le tout nouveau centre culturel Les Fosses d’Enfer de
Saint-Rémy-sur-Orne.
Depuis toutes ces années, le peintre encrier normand Darius n’a cessé
de poursuivre l’exploration des possibilités créatrices qu’offre
l’encre de chine. Il s’est aussi donné pour but de s’adapter aux
différents lieux qu’il investit, tant dans les scénographies imaginées
que dans les oeuvres réalisées spécialement.
Au Sépulcre, Darius et ses complices avaient imaginé une scénographie
basée sur la lumière naturelle et les transparences des supports (toile
de verre intissée), sur le mouvement vu comme une pulsation de vie. À
ces fins, l’exposition était organisée autour d’un pseudo-parcours avec
plusieurs installations, dont certaines composées de nombreuses encres
autorisant la déambulation corporelle.
C’est le geste dans la lumière/pénombre qui fût au centre de
l’exposition de Saint-Rémy-sur-Orne dans un lieu aux formes
contemporaines et aux dimensions bien plus modestes que l’édifice
patrimonial. L’idée de déambulation corporelle dans la forêt d’arbres,
très appréciée du public en général et plus particulièrement des
enfants de maternelle qui ont visité l’exposition, avait de nouveau été
mise en oeuvre. Une très grande encre réalisée sur un rouleau d’une
longueur de vingt-quatre mètres était suspendue à quelques centimètres
du sol à l’entrée de la pièce pour monter progressivement jusqu’au
plafond au fond de la salle. Les sept derniers mètres de l’encre
restèrent enroulés, invisibles pour les visiteurs, faute de place et
permettant ainsi de garder le mystère sur la totalité de l’encre.
Saint-Nicolas, monumentale !
D’une longueur totale de 66m avec une hauteur de voute de 15m, l’église
Saint-Nicolas - également nommée Saint-Nicolas-des-Champs - fut
terminée en 1083, dans le Bourg-l'Abbé de Caen.
Le dépouillement de l'édifice où les rythmes de l'architecture
constituent le seul décor, son exceptionnelle clarté font de l'église
Saint-Nicolas un précieux et parfait témoignage de l'architecture
religieuse romane de Normandie.
Son nartex roman à trois arcades nous est parvenu, du XIe siècle,
presque intact. Un des plus anciens cimetières dormants de Caen jouxte
l’édifice.
À partir de 1793, l'église est désacralisée et servira notamment d’écurie.
Aujourd’hui, elle est mise à disposition par la Ville de Caen dans le cadre de rendez-vous culturels.
Le travail d’encrier sur papier a conduit Darius à réaliser de grands
formats, voire monumentaux, qui permettent des installations dans des
lieux d’expositions aussi divers que des espaces classiques ou des
lieux patrimoniaux. Ces installations permettent une immersion au coeur
du travail de l’encre.
Cette fois, la proposition dans l’église Saint-Nicolas est basée sur
une envie d’aller au bout d’un processus entamé avec les expositions
récentes et qui s’attache au rapport de l’encre sur le papier avec le
côté monumental des bâtiments patrimoniaux, grandioses dans leurs
dimensions et puissants dans les matériaux convoqués, la pierre de Caen
en l’occurrence. Darius, comme il le dit lui-même, cherchera à
confronter la grandeur de l’édifice, son côté monumental, avec le
rapport de l’homme au monde qui se matérialise par les traces tangibles
que peut laisser son corps en mouvement sur un support quelconque ou
dans son esprit. Ces traces sont matérialisées simultanément et comme
en résonnance les unes par rapport aux autres, par le travail de
l’encre sur le papier, en accord avec la chorégraphie proposée par la
Compagnie V.O. d’Olivier Viaud autour de ces traces.
Une réalisation in situ
En février dernier, Darius a eu la chance de pouvoir accéder à l’église
pendant quelques jours afin d’imaginer son exposition avec ses
complices Antoine Pérus et Jean-Yves Lepetit qui l’accompagnent depuis
plusieurs années. Ces moments lui ont également donné l’occasion de
réaliser in situ une encre spectaculaire de cinquante mètres de long !
Elle est centrale dans le dispositif de l’exposition, déroulée du haut
de la croisée du transept à environ 18 mètres. Elle descend dans la nef
suivant une pente naturelle - une « vélaire » - vers l’entrée
principale de l’église pour y arriver à l’horizontale posée sur le sol.
Le visiteur à son arrivée voit l’encre monumentale se déployer devant
lui depuis le sol jusqu’à la limite de ce que sa vision lui permettra.
Une autre installation, dans la chapelle absidale et dans le choeur,
voit se déployer une importante « forêt », avec plus de deux cents «
arbres » (bandes de papier en fibre de verre suspendues), permettant
aux spectateurs une déambulation encore plus immersive que celles
réalisées auparavant dans d’autres expositions.
Des performances dansées,
une collaboration avec la compagnie chorégraphique V.O. Olivier Viaud
Le travail sur la gestuelle du corps laissant une trace sur le papier,
sur le mouvement des encres suspendues, témoignage d’une pulsation liée
à la vie, a conduit Darius à explorer plus avant des collaborations
artistiques vers d’autres disciplines comme la danse et la musique. À
l’occasion de cette nouvelle exposition, l’invitation a été lancée à la
compagnie V.O. Olivier Viaud et à la danseuse Véronique Ben Ahmed, afin
qu’ils le rejoignent pour deux performances inédites, Loïe notation,
les mardi 2 juillet à 19h et samedi 6 juillet à 17h. Plus d’infos sur
www.compagnie-vo.org
C’est à Saint-Rémy que Darius et le danseur et chorégraphe Olivier
Viaud se sont rencontrés. Ce dernier fut conquis par les installations
présentées. Spécialiste de la danseuse Marie-Louise Fuller (dite Loïe
Fuller), il a vu, notamment dans la grande encre présentée alors, une
partition dansée pour l’artiste. Aujourd’hui, le travail de
peintre-encrier de Darius trouve un écho dans celui réalisé jadis par
Loïe Fuller autour de ses « expérimentations corporelles ».
« Comme elle l’indique elle-même très bien dans ses écrits, et comme le
rappellent Olivier Viaud et Véronique Ben Ahmed autour de leur pratique
personnelle de la danse en général, mais aussi et surtout de celle de
Loïe Fuller, l’un des aboutissements majeurs de son travail est de
faire disparaître le corps dansé au profit de l’apparition du geste
sans chercher à fournir aucune explication sur sa genèse, provoquant
ainsi fascination et émerveillement chez le spectateur. Ma démarche est
inversement identique à celle de Loïe Fuller, une sorte
d’expérimentation en miroir dans laquelle le corps, toujours lui, est
au centre du dispositif. Mes interventions sur de grands formats me
permettent de matérialiser, de « tracer », avec l’encre sur le papier,
l’empreinte du corps en mouvement, avec toute sa dynamique dans
l’espace et se jouant du temps pour donner naissance à des volutes
gestuelles. On ne voit pas le corps, ni le dispositif qui a permis la
réalisation de ses traces et pourtant il joue un rôle majeur. La
peinture devient un moyen de matérialiser ce que le corps nous offre.
Ce n’est finalement pas un hasard si Olivier Viaud et Véronique Ben
Ahmed ont immédiatement vu dans mes encres une sorte de partition
écrite des volutes de Loïe Fuller. Le passage ci-dessous, extrait du
livre de Loïe Fuller, renvoie par ce qui est exprimé au travers des
mots choisis, à ma pratique d’encrier expérimentateur. En effet je
parle volontiers de découvertes, de ce que le papier a à m’offrir, de
gestes intéressants (« qui avaient l’air de quelque chose »). L’idée
même de répéter à l’envie ces gestes me touche énormément dans ma
pratique et en sont même l’essence. Cela permet d’explorer par des
variations ténues l’immensité des territoires que nous avons à notre
portée, sans nous interdire l’accident générateur de nouvelles
trajectoires et donc de nouveaux espaces. Lorsque Loïe Fuller aborde la
prévisibilité du résultat sur l’étoffe de tel ou tel mouvement du
corps, je l’interprète, en m’appuyant sur ce que je ressens dans ma
pratique, comme sa propre intériorisation de ce que sont les mouvements
en question projetés dans son art, lui donnant plus de liberté pour
poursuivre son exploration du corps en mouvement. » Darius
Extraits de Loïe Fuller - Ma vie et la danse aux éditions l’OEil d’or (mémoires et miroirs) :
« … Deux de mes amies, Mme Hoffman et
sa fille, Mme Horsack, venaient, de temps en temps, voir où j’en étais
de mes découvertes. Lorsque je trouvais un geste ou une attitude qui
avaient l’air de quelque chose, elle disait : gardez cela, répétez-le.
Finalement je pus me rendre compte que chaque mouvement du corps
provoque un résultat de plis d’étoffe, de chatoiement des draperies
mathématiquement et systématiquement prévisible. La longueur et
l’ampleur de ma jupe de soie m’obligeaient à plusieurs répétitions du
même mouvement pour donner à ce mouvement son dessin spécial et
définitif. J’obtenais un effet de spirale en tenant les bras en l’air
tandis que je tournais sur moi-même, à droite puis à gauche, et
recommençais ce geste jusqu’à ce que le dessin de la spirale fût
établi. La tête, les mains, les pieds suivaient les évolutions du corps
et de la robe... »
« Mais, il est bien difficile de
décrire cette partie de ma danse. On la voit et on la sent : elle est
trop compliquée pour que des mots parviennent à la réaliser... »
Format 25 x 21 cm, 106 pages. Tirage numérique couleur sur papier munken lynx 150 g/m2. Couverture tirage offset couleur sur papier Rives tradition blanc naturel 250 g/m2.
Prix de vente 24 € plus 4 € pour les frais de port pour un exemplaire. Si vous souhaitez acquérir
un exemplaire, vous pouvez télécharger un BON de COMMANDE (au format pdf) et envoyer un chèque
de 24 € plus 4€ de frais de port,
à l'ordre de "Galerie 175 - Éditions du Chameau", au 15 rue Mélingue 14000 Caen.
Quelques images de l'exposition et de la performance chorégraphique :
photo Tristan Jeanne-Valès
photo Tristan Jeanne-Valès
photo Tristan Jeanne-Valès
photo Tristan Jeanne-Valès
photo Tristan Jeanne-Valès
photo Tristan Jeanne-Valès
photo François Bourdon
photo François Bourdon
photo François Bourdon
photo Anita Rigot
photo Tristan Jeanne-Valès
photo Tristan Jeanne-Valès
photo Tristan Jeanne-Valès
photo Tristan Jeanne-Valès
photo Tristan Jeanne-Valès
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